Parce qu'à ce moment-là...

Une fin d'été, une journée volée à ma nouvelle utopie,
un arbre choisit pour faire de l'ombre pour d'autres étés,
dans un avenir qui s'installe serein.
Je ne regarde jamais les photos même quand le photographe insiste pour me les montrer.
Je suis d'une autre époque, celle où les photos ne se dévoilaient que dans l'intimité discrète d'une chambre noire. Le photographe shootait, poussait des exclamations, réclamait des attitudes, ordonnait des expressions ; seul le clic en rafale de l'appareil permettait de croire à la réalité d'une séance photo.
Parfois, chanceuse on avait droit de voir les planches contacts avant sélection et tirage, souvent c'était pour s'y voir les yeux entre-ouverts en plein clignement de paupières, ça donnait pas envie d'en voir plus.
La photo était autrement.
Dans la photo du 21° siècle, le photographe supprime les clignements de paupières dès leur prise, ils n'apparaissent même plus dans les photos finales à sélectionner. Au 21°, on ne cligne plus des yeux.
Parfois, sur une erreur, il arrive quand même qu'on voit les photos prises, qu'on s'en fasse une idée et...
Et on attend tranquillement la sélection du photographe, persuadée que la photo sera du lot.
Cette photo-là n'était pas dans la sélection.
C'est l'histoire d'une photo vue par un modèle et qui la voulait.
Parce que cette photo me raconte ma propre histoire à ce moment-là avec cet arbre.




